Jeunes travailleur.ses : faire respecter le droit du travail pour sauver des vies

Notre organisation syndicale dénonce régulièrement les conditions qui rendent possible le tableau dramatique actuel : la France reste la championne européenne des accidents mortels du travail. Elle dénonce le travail qui tue, le travail qui mutile, le travail qui blesse. Elle dénonce les reculs concédés aux droits des travailleur.ses, notamment sur le plan de la santé et de la sécurité. Elle dénonce l’impunité quasi complète dont bénéficie le patronat, faute d’une réelle politique pénale du travail et faute de moyens, tant du côté de la justice que de l’inspection du travail.

 

Face à l’hécatombe de ces dernières semaines, les mots nous manquent. Nous partageons la peine des familles des victimes ; nous leur exprimons tout notre soutien et notre solidarité : en avril, Lorenzo, apprenti de 15 ans a perdu la vie sur un chantier ; en mai, Lucas, lycéen de 17 ans a perdu la vie dans une usine ; en juin, Axel, lycéen de 16 ans a perdu la vie dans un magasin GIFI et Estevan, apprenti de 18 ans a été brûlé à 75% dans le garage qui l’emploie.

 

La fréquence des accidents du travail est 2.5 fois plus importante pour les jeunes de moins de 25 ans (10% contre environ 4% pour la population générale). Les apprentis et les stagiaires, faute d’un encadrement suffisant et plongé.es dans le monde de l’entreprise souvent sans précaution particulière, sont exposé.es à de grands dangers. Les gouvernements successifs n’agissent pas pour enrayer ce fléau social, mais ils aggravent la situation (suppression de l’autorisation préalable de l’IT  pour les travaux considérés comme dangereux pour les travailleur.ses de moins de 18 ans, suppression des CHSCT, explosion du nombre des stagiaires et apprenti.es, main d’œuvre très bon marché et corvéable,…)

 

Dans les conditions actuelles, il était irresponsable de faire exploser le nombre des stagiaires et d’envoyer tou.tes les élèves de seconde en stage, deux longues semaines. Un.e stagiaire (collégien.ne, lycéen.ne ou autre) doit observer et ne doit pas travailler, au sens strict. Un.e apprenti.e doit toujours être supervisé.e. Comment ces accidents ont-ils pu advenir ? Parce que le droit du travail, censé les protéger, n’est pas respecté ! Parce que le droit du travail n’est pas assez contrôlé ! Parce que les infractions au droit du travail ne sont pas assez sanctionnées !

 

Pour s’attaquer au fléau des accidents du travail, les mots de la Ministre actuelle du travail ne sont pas suffisants. La CGT TEFP revendique des mesures concrètes et des moyens pour faire baisser drastiquement le nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles, à commencer par :

  • Une politique pénale du travail intransigeante, donnant instruction aux Parquets de poursuivre systématiquement les infractions les plus graves en matière de santé et de sécurité au travail ou celles qui auraient pu avoir des conséquences graves et condamnant fermement la délinquance patronale ;
  • Le rétablissement des CHSCT comme contre-pouvoir dans l’entreprise pour garantir la protection de la santé et de la sécurité des travailleur.es et la préservation de leurs conditions de travail ;
  • Le renforcement de la protection des travailleur.es qui font usage de leur droit de retrait ;
  • Le doublement des effectifs de l’inspection du travail et des services de prévention (Carsat, médecine du travail), la préservation de son indépendance et de nouveaux et véritables pouvoirs.

 

Pour les plus jeunes, la CGT TEFP revendique notamment :

  • La suppression des stages d’observation, en 3ème et en seconde, qui n’ont pas de réel intérêt pédagogique et qui contribuent à accroître les inégalités ;
  • Un contrôle de conformité des conditions de travail par les services de l’Inspection du travail avant la conclusion du premier contrat d’apprentissage et l’interdiction stricte des travaux dangereux avant 18 ans ;
  • Une formation aux règles élémentaires du droit du travail dès le collège, puis au lycée et dans les CFA (règles relatives au droit de retrait, principes généraux de prévention, possibilités de saisir l’inspection du travail, …).

Jeunes travailleurs