Le « contrôle bashing », ça suffit ! Le secteur agricole doit continuer à être contrôlé, comme les autres !

Face au mouvement de fond de délégitimation des missions de contrôle des règles protectrices des droits des travailleur.ses, des consommateur.rices et de l’environnement, les agent.es des services de contrôle de l’Etat s’unissent pour faire front.

 

Au cours de l’année 2024, les services de contrôle de l’Etat ont fait l’objet d’attaques graves et répétées menées par certaines organisations patronales du secteur agricole. Locaux saccagés, sangliers pendus dans le Lot-et-Garonne et en Dordogne, menaces de mort, roues de véhicule déboulonnées, déversements à la porte des administrations de fumier, lisier et autres ordures (dont des produits amiantés), appels à la violence sur les réseaux sociaux … Les incidents de contrôle se sont multipliés, dans l’indifférence quasi-générale. Les auteurs de ces actes, parfois facilement identifiables, n’ont, jusqu’à présent, pas eu à rendre compte de leurs actes, ni même à payer pour les gros dégâts occasionnés et pensent qu’ils peuvent continuer à agir, en toute impunité.

 

Le 13 mars 2025, réuni.es à Paris à l’appel de leurs organisations syndicales, plusieurs dizaines d’agent.es de contrôle de l’inspection du travail intervenant régulièrement dans les exploitations agricoles ont dressé ce constat, mais ont décidé de dire : STOP ! L’importance de nos missions de contrôle, au service des travailleur.ses du secteur agricole, a été rappelée. Les patrons qui menacent, intimident, agressent les agent.es de contrôle sont souvent ceux qui maltraitent leurs salarié.es. Il est hors de question de céder ! Et ce d’autant plus que le nombre des agressions continuent à augmenter et pas seulement dans le secteur agricole.

 

Après des échanges d’expérience nourris dans la matinée, évoquant des réalités de terrain souvent très proches de l’Ardèche à la Gironde, de la Bretagne aux Pays-de-Loire, de la Meurthe-et-Moselle au Loir-et-Cher, l’après-midi a été consacrée à des échanges avec les représentants d’autres corps de contrôle que nous avions invités (Office Français de la Biodiversité, CCRF, services vétérinaires, …). Des représentant.es des salarié.es du secteur agricole et de la Confédération Paysanne (seule organisation patronale du secteur à avoir publiquement soutenu courageusement notamment les missions et les agents de l’OFB) ont également témoigné de leurs difficultés et de leurs actions.

 

A l’issue de ces échanges, les constats sont clairs et partagés, notamment par les agent.es des services de contrôle :  tou.tes sont également malmené.es dans le contexte actuel. Nous ne nous y trompons pas : ce n’est pas le « monde agricole » dans son ensemble qui critique les contrôles et s’attaque aux agent.es chargé.es de les mener, mais les organisations patronales réactionnaires qui entendent pouvoir continuer à sur-exploiter les salarié.es et les ressources naturelles, à faire fi de la protection animale, de la sécurité sanitaire des aliments, à tromper les consommateur.rices, … De la même façon, celles et ceux qui crient « au loup » contre les services de contrôle ne sont généralement pas celles et ceux qui subissent le plus les difficultés réelles, notamment économiques de l’activité paysanne.

 

La responsabilité du gouvernement actuel et de nombreux politiques a également été pointée. Côté administratif, on « conseille » aux agent.es de limiter les contrôles, tout en maintenant toutes les pressions habituelles. Côté politique, les trois derniers premiers ministres ont tout simplement mis de l’huile sur le feu, en donnant raison aux agriculteurs se plaignant d’une soi-disant « multiplication » des contrôles qui seraient des « irritants ». M. Barnier a feint d’apporter une « solution », en publiant et diffusant une circulaire – attaquée devant le Conseil d’Etat par nos organisations syndicales– destinée à organiser un contrôle annuel « unique » dans les exploitations agricoles, cédant ainsi une fois de plus et sans vergogne aux revendications de certains, au mépris de nos missions de service public. Quant à F. Bayrou, il tire à boulets rouges sur l’OFB devant l’Assemblé Nationale, légitimant ainsi le statut de cibles de ces agents déjà fortement attaqués. Enfin, la diatribe de L. Wauquiez et du président de la région ARA contre l’OFB, engageant de l’argent public, est aussi affligeante qu’honteuse ; elle ne reste évidemment pas sans réponse, à tous les niveaux.

 

Ensemble, nous avons convenu de la nécessité de nous unir pour résister et riposter face à ces attaques et avons listé plusieurs pistes d’action qui seront mises en œuvre dans les prochains mois, auxquelles vous pourrez vous associer.

 

Un compte-rendu plus complet des débats vous sera communiqué rapidement.

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