Départ à 64 ans, hausse de la durée de cotisation : C’est non !

Pour l’abandon du projet de réforme des retraites :

En grève et manifestation à partir du jeudi 19 janvier


Un projet injuste et brutal…

Elisabeth BORNE vient d’annoncer son projet de casse de nos retraites, voulu par Macron : recul de l’âge légal de départ à 64 ans, contre 62 ans actuellement, et passage plus rapide à une durée de cotisation de 43 ans, qui sera en vigueur dès 2027 et plus 2035, et mise en extinction des régimes dits « spéciaux ».

La mise en œuvre serait rapide et brutale : les salarié-e-s qui atteignent 62 ans au cours du second semestre 2023 verraient leur âge de départ repoussé de trois mois ! L’âge de départ serait repoussé de trois mois chaque année pour atteindre 64 ans en 2032.

Quant à la durée de cotisations, pour certain.es d’entre nous c’est jusqu’à 3 trimestres de plus que prévu à valider pour pouvoir obtenir une retraite à taux plein.

Le gouvernement prétend que son projet rendrait le système plus juste. Mais c’est tout le contraire : l’âge de départ est reculé de deux ans y compris pour les carrières longues. Le recul pèsera surtout sur celles et ceux qui ont commencé à travailler jeunes, qui sont souvent les moins diplômé.es et aux revenus les plus faibles, et devront continuer même après avoir cotisé suffisamment longtemps. Ces dernièr.es, si leur santé leur permet de continuer à travailler jusqu’à 64 ans, ne bénéficieront même plus du mécanisme de surcote[1]. Et pour les salarié.es qui le pouvaient financièrement, finie la possibilité de choisir de partir avec une décote pour profiter de quelques années supplémentaires de retraite en bonne santé. La fermeture des régimes de la RATP, des industries électriques et gazières, au nom d’une prétendue « équité », nivelle les droits par le bas. Et le gouvernement oublie évidemment que les droits à départ anticipés ou les niveaux de pensions dont bénéficiaient ces salarié.es étaient les contreparties de cotisations plus élevées et de conditions de travail difficiles (travail posté, travail de nuit).

Pour tenter de faire passer la pilule, le gouvernement promet une retraite minimale à 85% du SMIC. Il oublie de dire que ce principe figure dans la loi depuis 2003, et surtout qu’il ne concernera que les salarié.es ayant une carrière complète. Or bien souvent la faiblesse de la pension est le fait d’une carrière fracturée, par le chômage ou l’interruption d’activité pour élever des enfants (la retraite moyenne des femmes est inférieure de 25% à celle des hommes). Pour toutes et tous ces salarié-e-s, ce serait toujours la pauvreté à la retraite.

…pour financer des baisses d’impôts pour les entreprises

Notre système de retraite par répartition n’est pas menacé par des difficultés de financement. Le gouvernement le prétend en invoquant le dernier rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), mais ce dernier écrit clairement l’inverse : « Les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite. ». En 2021 et 2022, ce sont même des excédents qui ont été enregistrés. Pour les décennies qui viennent, le COR anticipe un léger déficit avant un retour à l’équilibre, tout en avertissant que ses prévisions sont loin d’être certaines.

En réalité, le gouvernement a besoin de compenser les nouvelles baisses d’impôts qu’il accorde aux entreprises (suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée) pour présenter un budget dont le déficit n’excède pas 3% du produit intérieur brut[2].

Mais nos retraites n’ont pas à être mises en balance avec d’autres « dépenses publiques » : ce sont les cotisations sociales, la partie indirecte de nos salaires et traitements, qui les payent ! Le gouvernement nous fait donc les poches pour financer les aides publiques sans cesse croissantes aux entreprises : de 90 milliards d’euros par an en 2009, elles sont passées à plus de 200 milliards en 2021[3]. Pour trouver ces sommes astronomiques les services publics ont été mis à l’os, et c’est maintenant le tour des retraites et de l’assurance chômage. A titre de comparaison, le déficit transitoire du système de retraite serait de 12 milliards d’euros, même pas un dixième de ces aides !

Défendre et améliorer nos retraites

Revenir sur ces exonérations d’impôts et de cotisations qui n’ont par ailleurs pas créé d’emplois, augmenter les cotisations versées par les employeurs, augmenter les salaires et en finir avec les inégalités salariales femmes-hommes… les solutions ne manquent pas pour financer et améliorer nos retraites. Le projet injuste et brutal du gouvernement, doit être retiré, mais nous ne nous satisfaisons pas du statu quo. Soixante-deux ans c’est déjà trop lorsque l’espérance de vie en bonne santé est en moyenne de moins de 66 ans pour les femmes et de 64 ans pour les hommes.  L’appauvrissement des retraité.es est déjà sur les rails : si le COR prévoit que le système de retraite sera à l’équilibre sur le long terme, c’est parce qu’il anticipe dans le même temps une dégradation de 15% à 25% de leur niveau de vie. En cause  notamment l’allongement de la durée de cotisation à 43 ans votée en 2014, qui impliquera pour beaucoup une retraite avec décote[4].

Dans une société qui va compter un nombre croissants de retraité.es, il serait juste de consacrer une part plus importante des richesses produites aux pensions, pour permettre à chacun.e de profiter d’une retraite en bonne santé avec des revenus au moins équivalents au SMIC. Macron fait le choix inverse : dégrader le niveau de vie des retraité.es et des salarié.es pour assurer les profits d’une minorité. Mais personne n’en veut de sa réforme : toutes les confédérations syndicales s’y opposent, 70% de la population est contre un recul de l’âge de départ !

Nous devons nous mobiliser pour empêcher ce recul social historique, comme nous l’avons fait avec succès en 2019 contre la tentative de Macron d’instaurer une retraite à points. Un mouvement de grève reconductible et des manifestations de masse, c’est le seul langage que Macron et Borne comprendront. Des préavis ont d’ores et déjà été déposé jusqu’au 31 janvier.

 

L’intersyndicale appelle à une première journée de grève le 19 janvier, allons y toutes et tous ensemble pour exiger :

  • Le retrait du projet Macron-Borne et le maintien de tous les régimes de retraite ;
  • Le retour à la retraite à 60 ans, à taux plein, et à partir de 55 ans pour les salarié.es exposé.es aux métiers pénibles ;
  • L’indexation des pensions sur l’évolution des prix et des salaires ;
  • L’augmentation des traitements et l’intégration des primes ;
  • Une politique volontariste d’égalité salariale femmes-hommes, améliorant la retraite des femmes et abondant les ressources des régimes. Ce sont les salaires qu’il faut augmenter, pas l’âge de la retraite !

 

 

[1] Majoration de la pension pour les salariés qui continuent à travailler au-delà de l’âge légal de départ et qui ont acquis tous leurs trimestres

[2] Exposé des motifs de la loi de finance 2023, point 2.c « Les administrations de sécurité sociale participeront à la maîtrise de l’évolution des dépenses, permise notamment par la réforme des retraites, la réforme de l’assurance chômage favorisant le plein emploi et la maîtrise des dépenses de santé»

[3] Laboratoire CLERSE, Université de Lille, rapport du 7 octobre 2022 actualisé

[4] Pour un départ à taux plein, la retraite de base est égale à 50% de la moyenne des salaires des 25 meilleures années. Pour chaque trimestre manquant, la pension est réduite de 1,25% sauf si le salarié attend 67 ans pour partir. Ce mécanisme est appelé la décote.

 

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