(le compte-rendu de ce CTM est à retrouver en cliquant ici).
Monsieur le directeur des ressources humaines,
Les CTM se suivent et nos déclarations préalables se ressemblent… On voudrait ne pas avoir à penser à demain, mais malheureusement, la situation dans les services est très dégradée et elle nous impose, à nouveau, de tirer le signal d’alarme.
Alors que nous traversons une crise sanitaire dont les répercussions s’annoncent terribles, le gouvernement s’obstine à mener une réforme des services, l’OTE, à marche forcée. Cette réforme, pur produit administratif en vue de faire des économies de très court terme, n’apporte rien, à personne ! Alors que tous nos efforts devraient se concentrer sur le service à rendre aux salarié.e.s et aux privé.e.s d’emploi, on perd du temps avec des macro et des micro organigrammes, avec des déménagements organisés dans l’urgence aux conséquences désastreuses, tant pour l’accessibilité du service public que pour les conditions de travail des agent.e.s. Alors que les agent.e.s peinent à trouver du sens à leur travail et leurs missions dans un contexte incertain et particulièrement anxiogène, ils sont confrontés à des décisions technocratiques qui leur font perdre leurs derniers repères. Nous demandons un engagement ferme et écrit de la part du ministère que les collègues transféré.es pourront revenir au ministère, et que les collègues qui refusent et qui reçoivent des lettres de mission pourront y rester une fois la mission terminée, s’ils.elles le souhaitent. Nous demandons également la publication de l’ensemble des conventions de gestion signées entre les ministères du travail et de l’intérieur.
Il est en effet impossible de voir une logique de service public ou de préservation des conditions de travail des agents dans les choix qui viennent d’être annoncés pour la localisation des plateformes interrégionales « MOE » à Béthune, Clermont-Ferrand ou Tulle. L’objectif est manifestement de mettre en place une organisation dématérialisée, éloignée au maximum de l’usager auquel il s’agira de ne surtout pas avoir affaire. L’objectif est également de mettre en place des équipes « neuves » qui n’auront surtout pas la mémoire des pratiques actuelles, sans doute jugées trop bienveillantes pour les travailleur.se.s étranger.e.s. Quelle est l’étape suivante ? Des plates-formes téléphoniques dans les pays où la main d’œuvre est « moins chère » comme dans le secteur privé? Certes, vous allez dire que nous exagérons et que la Corrèze n’est pas le Maroc, mais la réalité de ces dernières années rattrape toujours nos pires prédictions !
Et puisque nous parlons de nos pires prédictions, nous arrivons tout naturellement à la question des effectifs. Entre les nombreux points consacrés à l’OTE, certains CTSD présentent les « objectifs 2022 » et ils impliquent un niveau inédit de suppression de postes, à l’inspection du travail notamment. Ainsi, en région Grand Est, l’objectif 2022 vise la suppression de 15% des sections d’inspection et de 25% des postes d’assistant.e.s de contrôle ! Etonnamment, vous vous gardez bien d’inscrire la question des effectifs à l’ordre du jour des réunions 2021 du CTM… C’est pourtant une question primordiale !
Par ailleurs, nous demandons à la DGT de rappeler que les missions d’inspection du travail ne s’inscrivent pas dans celles dévolues aux CLIR (cellules de lutte contre l’islamisme radical), alors que certains collègues reçoivent l’injonction d’y participer et subissent des rappels à l’ordre en cas de refus. Nous dénonçons ce détournement de nos missions, au mépris de notre indépendance, à des fins racistes, islamophobes et discriminatoires, y compris dans le cadre des CODAF.
Nous tenons également à dénoncer les conditions actuelles de travail des agent.e.s, toujours très disparates d’une région à l’autre, mais surtout très dégradées. C’est toujours le système D, chacun.e télétravaillant ou travaillant comme il peut, sans consigne claire ni mesures de prévention harmonisées. Les moyens alloués au télétravail sont toujours très insuffisants et les agents qui le peuvent vont jusqu’à s’équiper eux-mêmes. Même des demandes, à la fois simples, peu coûteuses et justifiées, comme un casque audio pour les agents qui enchaînent les audioconférences, ne sont pas satisfaites. Ne parlons donc pas des écrans et des sièges… Oserez-vous nous répondre que ces questions triviales ne relèvent pas du CTM ? Bien-sûr que si ! Il vous appartient d’impulser une ligne claire et de débloquer les moyens nécessaires. Nous nous félicitons de l’annonce d’une indemnisation des collègues pour compenser les coûts du télétravail, comme nous le réclamons depuis des mois, et nous vous demandons de le confirmer.
La pandémie n’explique et ne justifie pas tout ! Ses conséquences sanitaires, économiques et sociales sont aggravées par des décisions gouvernementales désastreuses pour le monde du travail et la jeunesse. Mais les attaques liberticides actuelles ne réussiront ni à nous faire taire, ni à nous faire renoncer à nos revendications pour le monde « d’après », à commencer par un plan d’urgence immédiat, facile à retenir : 10% de travail en moins, vers les 32 heures ; 300 euros de salaire mensuel en plus, dégel du point d’indice et rattrapage des salaires, au lieu de primes incitatives à la mobilité mettant en concurrence nos collègues ; recrutements massifs pour pourvoir les postes vacants, compenser les suppressions d’emploi et développer les services publics.
Nous prenons acte de l’engagement d’un « plan de transformation RH ». Nous rappelons encore une fois nos revendications : passage immédiat de tous les contrôleurs du travail en inspecteurs du travail, promotion au aarde ou corps supérieur des collègues notamment C et B bloqués au dernier indice, plan massif de passage de C en B et de B en A.
Nous appelons l’ensemble des agent.e.s à résister et à se mobiliser, en commençant par se mettre en grève le 04 février prochain et à se joindre aux nombreuses manifestations prévues. Nous nous associons bien entendu à l’action qui a lieu ce matin, en région Auvergne – Rhône – Alpes, pour marquer l’opposition des agent.e.s à la prise de fonction de Madame Notter à la tête de nos services dans cette région, malgré ses états de service désastreux en région Nouvelle Aquitaine et Grand Est.
Enfin, s’agissant de l’ordre du jour de la réunion, nous nous associons à la demande de SUD pour l’ajout d’un point relatif à l’égalité professionnelle et au dispositif LEA ; nous souhaitons que ce point ne soit pas vu en toute fin de séance, comme le point relatif au rapport diversité prévu dans le cadre du précédent CTM, passé manifestement à la trappe pour ce CTM. Malgré tout ce qui précède, nous terminons par une note positive sur l’agenda social : nos nombreux rappels ont été entendus et, enfin, aucune réunion de cette instance n’est programmée un mercredi.