Emmanuel Macron a déclaré hier soir la guerre au coronavirus et décrété des mesures de restriction des déplacements et des contacts sociaux. Mais, de façon incompréhensible compte tenu de l’urgence sanitaire annoncée, le Président n’entend visiblement prendre aucune mesure d’arrêt de la production des biens et services non indispensables dans ce contexte. Le ministre de l’intérieur l’a confirmé en répondant à une question après son allocution : « la décision du président permet à chacun de se rendre au travail quel que soit son travail », le décret du 16 mars précise que les trajets entre le domicile et lieu d’exercice de l’activité professionnelle, quelle qu’elle soit, sont autorisés.
Ainsi, des millions de travailleur-euses (6 salarié-es sur 10 selon la ministre du travail !), vont continuer à se déplacer, prendre les transports, se côtoyer par centaines sur leur lieu de travail, pour produire des voitures, de l’électroménager, construire des navires ou des bâtiments… alors que dans le même temps il leur sera interdit de visiter leur proches ! Un comble alors que le président a commencé son intervention en fustigeant l’indiscipline de la population…
Ces décisions, motivées seulement par la préservation des profits de certains grands groupes, sont iniques. Si l’urgence sanitaire nécessite de restreindre au minimum nos vies sociales, alors toute production de biens et services non vitale doit cesser. Dans le même temps le gouvernement doit prendre toutes les mesures propres à garantir les droits des salarié-es en ces circonstances exceptionnelles :
- maintien de l’intégralité des rémunérations de tous les travailleur-euses, y compris celles et ceux en activité partielle ;
- prorogation automatique de tous les contrats en cours (CDD, intérim…) ; fermeture des agences d’intérim ;
- interdiction des licenciements, suspension du traitement de toutes les demandes déjà présentées par les employeurs d’homologation des plans de sauvegarde de l’emploi, de ruptures conventionnelles collectives ou d’autorisation de licenciement des représentant-e-s du personnel. A ce jour le ministère du travail demande encore à ses services d’instruire ces demandes par téléphone !
- information de l’ensemble des salarié-es employé-es dans des entreprises non vitales, ou placé-es dans des situations présentant un risque pour leur santé, de leur légitimité à exercer leur droit de retrait ;
- mise en œuvre de mesures d’appui et de renforcement immédiates (embauches notamment) aux personnels de santé et à leurs familles ;
- mise à disposition des équipements de protection nécessaires et mise en place des mesures de prévention pour les salarié-es des secteurs indispensables ;
- prolongation automatique des titres de séjours et des autorisations de travail des étranger-es, régularisation immédiate de tous les travailleur-euses sans papier ;
- élargissement des mesures de report de paiement des factures et loyers aux salarié-es.
La CGT TEFP refuse en tout état de cause que l’inspection du travail serve à accompagner la poursuite de l’activité d’entreprises privées non vitales. Elle invite les agent-es qui resteront mobilisé-es durant cette période à ne traiter que les demandes se rapportant à la continuation des activités indispensables à la lutte contre l’épidémie et à la vie collective ainsi qu’à la préservation des droits des salarié-es.
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