Les organisations syndicales CGT-TEFP, SNU-TEFE et SUD TAS sont signataires de la tribune collective publiée dans le journal l’Humanité exigeant le retrait de la candidature de Muriel Pénicaud à la présidence de l’Organisation Internationale du Travail
Nous invitons l’ensemble des collègues à signer la pétition en ligne appuyant cette demande
Ci-dessous l’intégralité de la tribune et les premier-e-s signataires
Candidature de Muriel Pénicaud au poste de directrice générale du Bureau International du travail, un danger pour des millions de salarié-e-s dans le monde !
Un texte collectif à l’initiative de Mathilde Panot et Thomas Portes, coprésidents du comité de soutien à Anthony Smith, et Anthony Smith, responsable syndical au ministère du Travail.
Créée en 1919, l’organisation internationale du travail fut dès le départ fondée sur le postulat qu’une paix universelle et durable ne pourrait se bâtir que sur la base de la justice sociale. Sa devise, « si tu veux la paix, cultive la justice », gravée dans les pierres de ses locaux à Genève est aujourd’hui menacée par la candidature de Muriel Pénicaud à la direction générale de l’organisation. Après avoir recasée son ancienne Ministre du travail comme représentante de la France auprès de l’OCDE, voilà qu’Emmanuel Macron la présente pour prendre la direction générale du Bureau International du Travail, tête de l’OIT.
Or, si une notion échappe à l’ex-Ministre du Travail, c’est bien celle de « justice », qu’elle soit sociale ou non. Avant de prendre la tête du Ministère, Muriel Pénicaud, s’était faite remarquer en tant que DRH chez Danone. Non pour sa gestion sociale, mais par sa capacité à profiter de la souffrance des travailleuses et des travailleurs pour s’enrichir. En 2013, alors qu’elle s’apprêtait à licencier 900 personnes, dont 230 en France, Muriel Pénicaud a réalisé en une journée une plus-value boursière d’un montant de 1,13 millions d’euros. En clair, elle a spéculé sur des licenciements pour faire du fric, soit une prime de 1255 euros par postes supprimés.
Au royaume de la Macronie un tel pedigree n’est pas passé inaperçu, et Emmanuel Macron en a fait sa ministre du travail alors même que lors de passage à la tête de Business France elle a commis plus de 670 infractions à la réglementation du travail.
Son bilan rue de Grenelle n’a rien à envier à ses années dorées chez Danone. De la fin des contrats aidés (400.000 emplois supprimés) à la casse du code du travail, en passant par la réforme de la formation professionnelle et la réforme de l’assurance chômage, elle fut l’architecte en chef d’une politique de précarisation et de casse des droits des travailleuses et des travailleurs.
Au passage, et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, l’ex-Ministre du travail a profité de la réforme de l’ISF pour récupérer la somme 62 000 euros. Au pays des riches, il n’y a pas de petites économies.
Dans une France confinée, où la priorité du gouvernement était à la reprise du travail au détriment même des conditions de sécurité des salarié-e-s, Muriel Pénicaud fut le bras armé d’un pouvoir autoritaire qui avait pour seul objectif d’entraver les inspectrices et inspecteurs du travail en piétinant ouvertement leur indépendance pourtant garantie par la convention internationale numéro 81 de 1947 de l’OIT.
Une entrave délibérée, et gravissime, qui a connu son paroxysme avec le cas de l’inspecteur du travail Anthony Smith. Alors qu’il intervenait, à la demande des salarié-e-s, dans une association d’aide à domicile pour obliger l’employeur à fournir, notamment, des masques aux salariés, la Ministre du travail, au mépris de toutes les règles, a sanctionné celui-ci après l’avoir mis à pied pendant plusieurs mois. Après des mois de mobilisations, syndicales, politiques et citoyennes, Anthony Smith fut réintégré et l’ancienne Ministre fait aujourd’hui l’objet d’une plainte déposée par plusieurs syndicats d’inspecteurs du travail devant le bureau international du travail pour à entrave à leur indépendance.
Alors que l’OIT a pour objet de défendre les droits des travailleuses et des travailleurs, et de construire un « nouveau contrat social », la candidature de Muriel Pénicaud à sa tête est à la fois une provocation pour des millions de salarié-e-s mais aussi un signe très clair de la volonté du gouvernement français de poursuivre la casse des droits et la flexibilité du marché du travail à l’échelle mondiale.
Aussi nous, personnalités politiques, syndicales, associatives, intellectuelles exigeons le retrait de la candidature de Muriel Pénicaud au poste de directrice générale du Bureau International du travail.