Après l’occupation de la DGT par des sans-papiers : déclaration des syndicats CGT du ministère du travail et de l’emploi

Déclaration des syndicats du ministère du travail SMAST-CGT (Administration centrale) et SNTEFP-CGT (DIRECCTE)

Du 29 au 31 mars 2016, 300 travailleurs-euses sans papiers (organisé-es par les collectifs 93 et 94, et l’association Droits Devant !! dans le cadre de la campagne « Travail dissimulé des sans-papiers ») ont occupé pendant deux jours et deux nuits la DGT, principale direction du ministère du travail, autorité centrale de l’inspection du travail, avec le soutien des syndicats des services déconcentrés et d’administration centrale du ministère du travail CGT, SUD et FSU.

Ils ont été brutalement évacués jeudi matin.

Le DGT, Yves Struillou, s’est particulièrement illustré le premier jour du conflit : d’abord en refusant de venir s’exprimer devant l’assemblée générale des sans-papiers, ensuite en conditionnant la réception d’une délégation par le cabinet à la levée de l’occupation, puis en demandant le déploiement de cars de police alors que des contacts étaient en cours avec le cabinet de la ministre… et enfin en disparaissant avant d’être discrètement exfiltré au petit matin après avoir passé la nuit caché dans son bureau !

Après plus d’un an de lutte, de manifestations, d’actions, d’occupations, de rendez-vous sans lendemain au ministère, les travailleurs-euses sans-papiers ont fini par arracher à la ministre une promesse d’ouverture d’un « processus de travail ».

Loin de répondre aux revendications exprimées par les sans-papiers, le ministère se dit toutefois prêt à discuter d’un assouplissement des critères de régularisation, notamment sur les preuves de l’existence d’une relation de travail pour l’octroi d’une autorisation de travail, ou sur des mesures de protection des travailleurs-euses sans-papiers.

Le rapport de force imposé par les sans-papiers dans le contexte de la mobilisation sociale que connait le pays a contraint la ministre à tenir compte de leurs revendications. Elle doit maintenant tenir ses engagements.

Les multiples réformes du code du travail et du droit au séjour menées depuis 2012 ont considérablement renforcé l’état de subordination des travailleurs-euses sans-papiers et développé les formes de travail non-déclaré et de précarité, en même temps qu’elles durcissaient les conditions d’accès au droit au séjour, comme le montrent les luttes des travailleurs-euses du boulevard de Strasbourg à Paris, menées en lien avec la CGT.

La loi « Travail » ne pourra qu’aggraver cette situation.

Pour nos syndicats, ces luttes sont indissociables et doivent converger pour obtenir le retrait de la loi « Travail » et un droit du travail protecteur de toutes et tous.

Les syndicats CGT du ministère du travail SMAST-CGT (administration centrale) et SNTEFP-CGT (services déconcentrés) poursuivront leur action en soutien aux travailleurs-euses sans-papiers pour maintenir le rapport de forces nécessaire pour faire aboutir leurs revendications.

Nous soutenons les revendications de la campagne

  • régularisation sur simple preuve de la relation de travail, sans condition de durée, ni de séjour, ni d’emploi

  • pouvoir de régularisation pour les agents de l’inspection du travail sur simple constat d’emploi d’un-e travailleur-euse sans-papiers

  • abrogation de la taxe OFII

Nos revendications :

  • régularisation de tous les sans papiers

  • suppression du régime d’autorisation de travail

  • liberté d’installation, de séjour et de circulation sur tout le territoire

  • égalité de traitement de l’ensemble des travailleurs-euses et suppression de la notion de travailleur-euse étrangèr-e dans le code du travail

  • retrait de la loi « Travail »

Le 15 avril 2016