Le meurtre le 17 février au matin d’une conseillère de la chambre d’agriculture de l’Aveyron lors d’une visite dans une exploitation agricole a provoqué une immense émotion parmi la population et l’ensemble des salariés de l’Aveyron et bien au-delà.
Dans le contexte de tensions et d’exacerbation qui se développe dans l’ensemble des milieux professionnels et qui attise les résistances patronales aux contrôles des pouvoirs publics, ce sont tous les acteurs intervenant à un titre ou à un autre dans les entreprises qui sont menacés dans leur intégrité physique et mentale.
Dans ce même département de l’Aveyron, il y a quelques semaines seulement, le 19 janvier 2016 un agent de contrôle de l’inspection du travail a fait l’objet, lors d’un contrôle, d’une très grave agression avec retenue de force et menaces de mort.
Le 3 février 2016, dans ce même département, une manifestation a été organisée devant les locaux de l’UD (Unité départementale) de l’Aveyron par les dirigeants d’une entreprise locale (mais qui sont à la tête de sociétés regroupant plusieurs milliers de salariés dans toute la France) « mobilisant » « leurs » salariés contre l’inspection du travail qui serait responsable de mettre en danger des emplois.
Malgré l’inquiétude des agents et l’interpellation des organisations syndicales CGT, SNU et SUD de la région, ni la Ministre du Travail, ni les représentants de l’administration du travail au niveau national n’ont réagi.
Cette inertie est coupable, coupable de maintenir une situation où le patronat peut s’en prendre impunément aux salariés et aux agents des corps de contrôle, coupable de provoquer de nouveaux actes de violence.
Mais le gouvernement préfère travailler à un projet de loi réformant le code du travail au nom de sa lourdeur entretenant ainsi l’idée que ce sont les lois protectrices des travailleurs qui nuisent à la compétitivité économique des entreprises et les agents de l’état qui les font appliquer qui abusent de leur autorité.
Cette attitude rend le gouvernement le premier responsable de l’existence d’actes de violence.
Il aura fallu attendre ce nouveau drame pour que le Directeur Général du Travail adresse un courrier aux agents pour leur rappeler le soit disant « soutien » de l’administration. Mais le soutien peut-il résulter d’un simple courrier interne quand la Ministre fait la sourde oreille à la demande présente des agents et des organisations syndicales d’une intervention publique de soutien ? L’intervention de l’administration peut-elle se résumer à rappeler les instructions précédentes sur l’organisation des contrôles et l’adoption d’une charte négociée avec le patronat – instructions contre lesquelles les syndicats ont d’ailleurs fait un recours au conseil d’état ? Le soutien de l’administration peut-il se résumer à rappeler aux agents qu’il faut signaler au plus vite les obstacles et violences dont ils sont victimes ?
NON ! C’est à la disparition des violences que doit travailler notre administration et seule une expression forte de la légitimité des interventions des agents dans le cadre de leur mission, la condamnation publique de tous les actes de violence, la mise en cause pénale des fauteurs de troubles est nécessaire pour faire reculer les agressions patronales.
Nous demandons que Madame la ministre du Travail prenne position, publiquement, pour la défense des agents, de leurs missions qu’elles consistent en du contrôle et/ou en du conseil, qu’elle se déplace dans l’Aveyron, dans la Haute-Savoie, partout où le patronat s’organise pour faire obstacle aux contrôles des agents et qu’elle prenne en concertation avec les personnels et leurs représentants toutes les mesures qu’ils jugeront utiles pour assurer leur protection.
Toulouse, le 17 février 2016