Déclaration des élu·es CGT au CTM du 19 septembre 2019

Monsieur le directeur des ressources humaines,

la rentrée au ministère du travail et de l’emploi, c’est une nouvelle tentative de suicide sur le lieu de travail, à Paris cette fois, d’un contrôleur du travail. Depuis 2017, 5 de nos collègues se sont suicidés. A cette liste s’ajoutent 11 tentatives. Ce jeu de massacre doit cesser !

Une enquête du CHSCT local aura lieu pour déterminer l’enchaînement des causes et les responsabilités qui ont conduit à cette tentative. La façon dont cette tentative de suicide est traitée par la direction de l’UD de Paris est elle-même choquante. Dans un message adressé aux agent·es sa responsable évoque un « malaise », comme si elle n’y pouvait rien. Le malaise, c’est bien plutôt que la direction se refuse à appeler un chat un chat et entend ainsi imposer l’omerta dans les services. Comment les agent·es pourraient-ils discuter entre eux d’un tel geste si celui-ci est présenté par la hiérarchie comme n’étant dû qu’à la fatalité ?

Combien de temps encore allons-nous devoir le dire ? Allons-nous devoir encore longtemps voir nos collègues tomber ou s’épuiser ? Allons-nous devoir nous habituer à travailler dans un environnement de plus en plus anxiogène et violent ? Faudra-t-il encore d’autres tentatives, d’autres suicides pour que l’administration daigne enfin voir l’ampleur du problème dans sa globalité et ne se contente pas de les considérer comme des faits indépendants les uns des autres, mais bien comme l’expression la plus crue, la plus noire, de l’échec des réformes qui se succèdent, à un rythme effréné, plongeant les agent·es dans la détresse et vidant leur travail de tout sens.

Pour nous il n’y a aucun mystère, cette tentative est le produit des suppressions de postes, de l’asphyxie volontaire du service public, du manque de reconnaissance des qualifications, de la mise en concurrence des agent·es via un CRIT dont nous dénonçons sans relâche les effets délétères – c’est-à-dire de la politique que vous appliquez et qui va s’amplifier avec la liquidation programmée des unités départementales, le transfert de personnels ou la réforme des retraites qui promet une pension misérable à une grande majorité de collègues.

C’est dans ce contexte désastreux que la DRH a informé les élu·es de la CAP du corps de l’inspection du travail que seul·es 220 candidat·s au CRIT avaient adressé un dossier et sont donc susceptibles de passer l’oral. L’ensemble de ces candidat·es doit être promu immédiatement. Pour la CGT, il s’agit d’une mesure conservatoire pour que la situation ne génère pas plus de souffrance. Toutefois, cette faible participation au CRIT n’est que le reflet du découragement des collègues. C’est pourquoi, nous gardons intacte notre revendication que tous les contrôleur·euses qui le souhaitent doivent être promus inspecteur·trices sans délai.

Le plan d’actions suite au baromètre social est l’illustration parfaite du déni total dans lequel se trouve cette administration. Tous les indicateurs sont au rouge, même les vôtres, et vous continuez à foncer… droit dans le mur ! Nous nous contenterons de deux exemples qui nous semblent éloquents : alors que 70% des agent·es estiment faire face à une charge très excessive de travail, vous proposez « d’optimiser l’usage des mels en lien avec une startup spécialisée » ! Alors que 70% des agent·es estiment que le climat social est mauvais, vous proposez des formations « mixtes » cadres / représentant·es du personnel ! Une fois de plus, si la situation n’était pas aussi dramatique, on aurait presqu’envie de rire tellement la situation est grotesque.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous craignons le pire pour la nouvelle réforme territoriale, alors que la précédente n’est même pas digérée ! Le texte du protocole d’accord sur l’accompagnement de ce plan social, que vous soumettez aux syndicats pour négociation, alors que tout est sans doute déjà acté, n’est évidemment pas de nature à nous rassurer. Nous ne savons toujours pas précisément quels sont les postes et les missions concernés, vous ne présentez toujours aucun projet d’organisation concrète et laissez les agent·es dans l’opacité la plus totale. Vous n’y évoquez que des « priorités de recrutement » pour les agent·es dont les missions seront transférées ou supprimées, sans même dire un mot de leur position statutaire future. Il est inexplicable que le ministère du travail puisse faire pire que le premier ministre qui, dans sa circulaire du 2 août sur les secrétariats généraux communs, évoque lui le recours au volontariat (ce qui suppose un droit de refuser) assorti d’un droit au retour. Nous l’avons dit : les agent·es, n’ont pas d’intérêt commun avec celles et ceux qui creusent la tombe du service public et de nos acquis sociaux.

Nous estimons pour notre part que l’organisation des services de l’Etat pose un véritable enjeu de société. Le gouvernement entend sacrifier le service public sur l’autel de l’austérité et des politiques sécuritaires. Nous continuons pour notre part à exiger un service public de proximité, au plus près des besoins des usager·es, échappant à la mainmise du ministère de l’intérieur et doté des moyens humains et matériels pour répondre aux sollicitations, travailler dans les meilleurs conditions, partir à la retraite en bonne santé et avec notre dernier salaire. C’est en ce sens que nous demandons le retrait de la réforme des retraites et refusons l’instauration d’un système par points dont l’unique objectif est de faire diminuer le niveau des pensions. C’est pour toutes ces raisons que notre syndicat appelle les agent·es à la grève le 24 septembre 2019 et à participer aux manifestations prévues ce jour dans le cadre de la journée interprofessionnelle organisée par la CGT, la FSU et Solidaires, dans la continuité des mobilisations des services des urgences ou à la RATP, qui nous l’espérons annoncent un mouvement plus large pour mettre un terme aux politiques qui nous envoient dans le mur.

Enfin, dans la foulée du rassemblement du 12 septembre 2019 en soutien à Laura Pfeiffer, nous attendons toujours la condamnation publique par le ministère des agissements de Tefal et des atteintes à l’indépendance relevées par le CNIT : nous vous demandons de le faire séance tenante.