Covid-19 : le DGT en chef de guerre

Par courrier adressé jeudi 19 mars 2020 à notre syndicat, Yves Struillou, directeur général du travail, menace notre organisation syndicale de signalement au procureur au titre de l’article 40 du code de procédure pénale et de poursuites pénales, au motif que les modèles de courriers que nous avons diffusés le 18 mars dans notre envoi « Protégeons les salarié-es avant les entreprises !! La CGT-TEFP met à votre disposition une lettre d’observations et un constat d’exercice légitime du droit de retrait » seraient des contrefaçons de documents administratifs, car portant l’en-tête du ministère du travail ! Les collègues qui les utiliseraient seraient également selon lui passibles de poursuites pénales et disciplinaires.

L’accusation est ridicule : comment des lettres d’observations adressées par des agent-es de contrôle dans l’exercice de leurs fonctions pourraient être des faux ou des contrefaçons ? Faut-il comprendre que nous ne pouvons plus échanger nos productions professionnelles et faire preuve entre nous d’entraide confraternelle ?

Yves Struillou a beau jeu de reprocher à la CGT-TEFP de sortir de son rôle, mais la DGT, elle, n’a produit aucun outil d’aide au contrôle adapté aux circonstances. A la place nous recevons des instructions nous ordonnant de continuer à traiter les demandes de licenciement de salarié-es protégé-es, en décalage complet avec les multiples sollicitations qu’ont reçu les agent-es ces derniers jours. Et le Question/Réponse du ministère du travail, « actualisé » le 17 mars, invite encore les salarié-es à ne pas aller au cinéma ou au restaurant…

En réalité ce qui provoque cette réaction délirante du directeur général du travail, c’est que des agent-es puissent s’organiser indépendamment de l’encadrement supérieur dans ces circonstances afin de contribuer à préserver la santé et la sécurité des salarié-es. Ses menaces participent de la politique jusqu’au-boutiste du gouvernement visant à maintenir des millions de salarié-es au travail au mépris de leur santé bien qu’ils et elles ne contribuent à aucune activité essentielle à la lutte contre la pandémie. Les fédérations patronales du bâtiment ont d’ailleurs dénoncé hier le chantage au non versement de l’activité partielle pratiquée par la ministre du travail pour les contraindre à maintenir l’activité sur les chantiers.

La DGT a manifestement ses priorités, nous avons les nôtres : intervenir à la mesure de nos possibilités pour protéger les travailleur-euses, appuyer nos collègues dans ce contexte difficile. Nous n’avons pas de temps et d’énergie à perdre dans un énième bras de fer juridique avec la DGT. Nous invitons donc nos collègues à ne pas utiliser tels quels les modèles diffusés le 18 mars, qui restent librement adaptables. Comme nous l’écrivions avant-hier, viendra plus tard l’heure du bilan. Les salarié-es et les agent-es n’oublieront pas.