Compte rendu CGT-SUD-FSU-FO de la réunion au cabinet du 22 juin 2021 : la ministre est d’accord avec les organisations syndicales… maintenant qu’elle ne décide plus de rien !

Dans le cadre de la journée nationale de mobilisation du 22 juin 2021 appelée par l’ensemble des organisations syndicales, des agent-e-s de tous les départements d’Ile-de-France se sont rassemblé-e-s devant le ministère du travail. Une délégation composée de représentant-e-s des syndicats SUD TAS, CGT TEFP, FO TEFP et FSU SNUTEFE a été reçue par M. Frontin, directeur adjoint du cabinet de Mme Borne, accompagné de Mme Bofill, conseillère « en charge de l’exécution des réformes », et M. Bernard, DRH des ministères sociaux.

A entendre M. Frontin, la ministre partage tous les constats des organisations syndicales concernant les effectifs et la mise en œuvre de l’OTE ! Le directeur adjoint a fustigé à plusieurs reprises les dix années consécutives de réduction de 2,5 % des effectifs budgétaires (4% pour 2021 avec la mise en œuvre de l’OTE), comme si le ministère n’y était pour rien et subissait les diktats de Bercy. Ces réductions sont pourtant la conséquence des choix du gouvernement auquel participe Mme Borne (et du gouvernement auquel participait Macron sous le précédent quinquennat). Si elle n’est pas d’accord avec l’étranglement des services publics, pourquoi ne le fait-elle pas savoir ?

D’autant qu’elle reconnaît, par l’intermédiaire de son cabinet, que les recrutements prévus au cours des prochaines années, que ce soit par voie de concours, de concours exceptionnel ou de détachement, ne compenseront pas les départs en retraite. Pourtant, la seule « action » annoncée consiste à aller plaider auprès de Bercy dans le cadre de l’élaboration du projet de loi de finances 2022 pour que cessent les baisses d’effectifs. Il n’est même pas question d’augmenter les recrutements pour pourvoir les postes vacants ou qui le seront prochainement. Aucune solution n’est apportée non plus sur la situation de certains départements qui cumulent déjà jusque 30% de postes vacants sur le champ travail, et pour lesquels les arrivées annoncées dans plus d’un an ne combleront pas les départs à la retraite supplémentaires. La ministre va d’autre part demander l’autorisation de recourir massivement aux contractuels pendant deux ans sur les politiques de l’emploi. Les collègues confronté-e-s, par exemple, à l’accroissement vertigineux du nombre de PSE à traiter ne diront pas non à ce renfort bien sûr. Mais il n’y a aucune logique, sinon celle de précariser les emplois, à diminuer les recrutements par concours pour embaucher ensuite sous contrat !

Nous avons également interpellé le cabinet sur la revalorisation des carrières, notamment des catégories B et C, qui permettrait peut-être d’éviter certains départs du ministère. Le directeur adjoint nous répond que « le chantier avance bien » mais que ça n’est pas « suffisamment mûr » pour en parler précisément. Sur le mauvais paiement des SA par rapports aux autres ministères, ils avancent juste de façon vague la possibilité d’augmenter les ratios de promotion de classe normale en classe supérieure et de classe supérieure en classe exceptionnelle. Toujours aucun chiffre donc, alors que la ministre a annoncé ce « plan RH » début mars…

S’agissant de la mise en œuvre de l’OTE, nous avons fait état des dysfonctionnements qui nous sont remontés de toutes les régions : dans le Rhône ce sont les cartes pour mettre de l’essence dans les véhicules de service qui ne fonctionnent plus, en Ile-de-France c’est la facture pour l’accès à Infogreffe et la commande d’une partie des codes du travail qui n’a pas été payée, dans les Côtes d’Armor c’est la maintenance des véhicules de service qui n’est plus assurée, en Gironde c’est un projet de « densification » immobilière contraire aux règles de conception des locaux de travail qui avance à marche forcée… Et partout ou presque l’accueil du public qui a été supprimé, les demandes RH pourtant basiques qui ne font l’objet d’aucune réponse ni même d’un accusé réception, les frais de déplacement qui ne sont plus remboursés, les problèmes de messagerie électronique, les problèmes informatiques non traités liés à l’absence de service sur site et des services informatiques des deux Ministères qui se renvoient la balle. On voudrait empêcher les agent-e-s de travailler que l’on ne s’y prendrait pas autrement !

Là encore, le cabinet n’a rien à objecter à cet état des lieux. Le DRH indique qu’au dernier comité technique ministériel, auquel participaient des représentant-e-s du ministère de l’intérieur, un délai de deux mois a été fixé pour régler différents problèmes, notamment ceux liés aux différences de logiciels. M. Frontin déclare également qu’il est d’accord avec notre revendication de présence dans les DDETS d’au moins un-e agent-e en charge des RH, avec les accès aux logiciels nécessaires pour solutionner les problèmes des collègues. Il portera cette demande vis-à-vis du ministère de l’intérieur. Mais que va-t-il se passer si l’Intérieur refuse ? Rien probablement…

Le seul engagement un peu concret est celui de proposer rapidement des reclassements aux collègues des ex MOE et fonctions supports. Le directeur adjoint partage notre constat qu’il est anormal que des postes fixes n’aient pas été proposés alors qu’ « on a largement de quoi occuper nos agent-e-s sur de vrais missions ». Il aura malheureusement fallu plusieurs mois pour que le ministère s’en rende compte. Entre temps les agent-e-s concernés ont pour certain-e-s quitté les services puisqu’on les poussait dehors et ont toutes et tous vécu dans l’angoisse ne plus avoir de poste.

Nous invitons les agent-e-s des ex MOE et services supports qui n’ont toujours pas d’affectation fixe à contacter nos organisations syndicales afin que leur situation puisse être signalée d’urgence à la DRH et suivie.

Nous appelons toutes et tous les collègues à poursuivre la mobilisation contre le démantèlement de nos services et pour un plan de recrutement massif. Nous soutenons toutes les actions déjà engagées dans ce sens, notamment les refus collectifs d’effectuer les intérims structurels. Nos dirigeant-e-s déclarent qu’ils n’ont plus la main, pour faire endosser à d’autres les choix politiques auxquels ils/elles ont participé. Mais si toutes et tous les agent-e-s disent « stop » ensemble, des solutions apparaîtront !