4 bonnes raisons de se retirer de son entretien professionnel cette année (appel CGT-SUD-SNU)

La campagne d’entretien professionnel 2015 est lancée. Nos organisations syndicales refusent l’individualisation, l’isolement et la concurrence entre agents et appelle les agents à se retirer des entretiens professionnels, au moyen de la lettre-type jointe.

1. L’entretien professionnel nuit aux collectifs de travail et à la santé

Présenté par le ministère comme un droit pour les agents et comme un « instrument de dialogue et de prévention des conflits », l’entretien professionnel n’est qu’un outil pour individualiser les relations entre agents, et entre chaque agent et sa hiérarchie. A travers les objectifs, résultats, indicateurs quantitatifs assignés au niveau national, régional, départemental, par services ensuite par agents, l’entretien professionnel a pour effet de renforcer la concurrence entre les agents, leur soumission, leur isolement, et par ce biais, d’affaiblir les collectifs de travail et toute capacité de résistance collective.

Comme de nombreux spécialistes l’ont pointé, l’évaluation du travail, et en particulier l’évaluation individualisée des performances est néfaste à la santé. Elle est pleine d’arbitraire, renforce angoisses et sentiment d’injustice, désorganise les solidarités et la confiance au travail. Cette réalité – malgré les vagues de suicide chez France Télécom, La Poste… ou au ministère du travail – est niée dans nos services puisque nos CHSCT (locaux et national) n’ont jamais été consultés sur la mise en place de l’entretien professionnel. Le ministère nie que cette procédure puisse générer des pressions psychologiques et avoir des répercussions sur les conditions de travail et la santé physique et mentale.

Pourtant, nos organisations syndicales pointent depuis des années les effets pathogènes des réformes que nous subissons (RGPP, externalisations et mutualisations, réorganisation permanente des services, Ministère fort). Tous ces changements sont réalisés dans un contexte d’austérité se traduisant par des suppressions de postes et la surcharge de travail généralisée, et de bouleversement profond du sens de nos missions détruisant méthodiquement les droits des travailleurs et des chômeurs que nos services sont censés protéger.

Avec le temps, l’argumentation de l’administration sur la nécessité d’être évalué pour être promu ou bien primé a fait long feu : évaluation ou pas, les réductions d’ancienneté ou les promotions sont toujours données au compte-gouttes et arbitrairement ; l’opacité est toujours de mise dans l’attribution des parts de primes ; la distribution des reliquats accroît les inégalités ; et les agents de catégorie C, les moins rémunérés, sont toujours exclus de toute forme de reconnaissance !

On se rend compte également que l’administration n’hésite pas à utiliser l’entretien professionnel comme un outil discriminatoire : nos syndicats ont ainsi eu à traiter des recours parce que tel entretien mentionnait le temps partiel de tel agent, ou les mandats syndicaux de tel autre !

On soulignera cette année les effets particulièrement destructeurs et anxiogènes des réorganisations, des suppressions de postes, qui créent surcharges de travail et perte de sens. Pour les contrôleurs du travail, la pilule de l’EPIT tel qu’il est organisé reste particulièrement dure à avaler : aucune assurance de pouvoir rester à l’inspection du travail pour les uns, assurance de ne jamais être promu pour les autres du fait du nombre restreint de lauréats.

2. A l’inspection du travail, évaluation et répression sont les deux faces de la même médaille

Au second semestre 2014, les services d’inspection du travail ont été paralysés pendant plusieurs semaines pour se plier à la nouvelle organisation. Les conditions de travail sont particulièrement dégradées et chacun se rend compte que la restructuration et les suppressions de postes déstabilisent profondément les collectifs de travail et l’accueil du public, désorganisent le travail quotidien (des secrétariats à l’activité d’inspection) et conduisent à une augmentation de la charge de travail. L’administration assume le démantèlement – au point de faire du contrôle la « variable d’ajustement » comme l’ont expliqué plusieurs DIRECCTE ou RUT – et de profondément transformer le sens des missions au service des salariés. La nouvelle organisation du travail est profondément pathogène.

Pire : MM. Struillou et Blondel ont produit, avec leur note du 11 décembre 2014, un véritable manuel du petit chef, exigeant la mise en œuvre de procédure disciplinaire ou à des retenues sur salaire pour « convaincre » les agents récalcitrants ou surchargés. Evaluation d’un côté, répression de l’autre, tous les moyens sont bons pour nous faire entrer dans le rang.

Être évalué dans ces conditions par un RUC qui ne partage pas la même vision du métier ne peut que générer perte de sens du travail, manque de reconnaissance et souffrance. C’est pourquoi nous appelons les agents de l’inspection à ne pas « bénéficier » de leur entretien professionnel !

3. A l’emploi et dans les services généraux, de quoi 2015 sera fait ?

La réforme territoriale qui vient d’être votée par le parlement, ainsi que la nouvelle « revue des missions », placées sous les auspices de l’austérité, vont conduire à de nouvelles restructurations des services. Si les informations sont pour le moment distillées au compte-gouttes, la fusion des régions et les nouvelles répartitions des compétences entre les régions et l’Etat auront des conséquences sur l’organisation des DIRECCTE, et sur le rôle et la place de l’Etat dans les territoires, et le devenir des missions.

Des fusions de DIRECCTE sont d’ores et déjà dans les tuyaux, avec des enjeux importants en termes de localisation des services (quelle ville sera la capitale de région ?), d’organisation interne des régions et des départements. Comment seront traités les doublons ? Que deviendront les actuelles unités territoriales, les missions, les postes actuellement occupés par les collègues ? On ne leur a tout simplement pas demandé leur avis…

Cette année, ce sera également au 1er semestre le déploiement d’EUCLID (harmonisation des systèmes d’information des DIRECCTE), qui va se traduire par des suppressions de postes, des mobilités contraintes et moins de proximité pour les collègues. L’objectif était de 50 suppressions d’emplois avant la réforme territoriale (- 10% des effectifs de la filière informatique)… ce sera certainement encore davantage après ! L’expérimentation menée en Languedoc-Roussillon a déjà fait apparaître des risques psycho-sociaux pour les agents concernés.

A quoi bon être évalué quand on ne sait même pas si on gardera le même poste ou quelle mission on devra gérer ?

4. A la formation professionnelle : y a quelqu’un ?

Quant à la formation professionnelle, elle reste la grande oubliée. Les réformes se succèdent sans que les moyens de contrôle soient renforcés contre la fraude à la formation (les employeurs étant même désormais à l’abri de tout contrôle), et sans que les agents disposent des garanties statutaires leur permettant d’exercer leurs missions en tout indépendance du préfet. Le plan de transformation d’emploi a tout simplement laissé les collègues du SRC sur le carreau, obligés d’attendre des départs en retraite pour espérer une promotion.

Les revendications des agents ont pourtant été transmises au ministère… mais celui-ci les a tout simplement ignorées !

Retirons-nous des entretiens professionnels !

Depuis sa mise en place, nos organisations syndicales n’ont pas manqué d’alerter le ministère sur la souffrance que génère ce dispositif parmi les collègues.

Plus que jamais, dans un contexte de bouleversements profonds des services, de suppressions de postes, d’attaques tout azimut contre le statut (mise en place de l’Indemnité de Fonctions, de Sujétions, d’Expertise et d’Engagement Professionnelle en remplacement des primes actuelles, pour ne citer que cet exemple), décider collectivement de ne pas participer à ces entretiens d’évaluation se pose avec une acuité particulière.

Nos organisations syndicales refusent l’approche comptable de nos missions et par la perte du sens de nos activités professionnelles. Elles revendiquent :
– l’abandon de tous les objectifs chiffrés et de la politique d’évaluation par objectif ;
– l’arrêt des suppressions d’emploi alors que la charge de travail ne cesse d’augmenter ;
– l’arrêt des suppressions de missions, des mutualisations, des externalisations ;
– le retrait de la note du 11 décembre 2014 ;
– l’arrêt de la dévalorisation et la déstabilisation des agents comme mode de relations hiérarchiques.

Lire et télécharger le tract CGT-SUD-SNU

Télécharger la lettre-type de refus d’entretien professionnel 2015