Après dix-huit mois de pseudo-concertations, le gouvernement a été contraint de révéler son projet suite à la grève historique de jeudi dernier. Edouard Philippe avait prévenu qu’il ne ferait pas « d’annonces magiques » et que son discours ne ferait pas cesser les manifestations. Eh bien pour une fois il n’avait pas menti !
Comme attendu, le gouvernement a annoncé un décalage dans le temps de l’instauration de la retraite par points, qui ne s’appliquerait qu’aux générations nées à partir de 1975. Edouard Philippe prétend que sa réforme est synonyme de « progrès social ». Mais dans ce cas pourquoi en différer l’application ? La réalité est bien évidemment toute différente. Face à la contestation sociale, le gouvernement cherche à diviser les travailleurs entre ceux nés avant 1975. Nous refusons cette tentative d’opposition entre les salarié-e-s, entre les générations, qui ne vise qu’à masquer l’essentiel :
- la suppression de tous les régimes de retraites existants pour passer à une retraite à points ou le montant de la pension ne sera pas garanti ;
- la mise en place d’un calcul des pensions sur l’ensemble de la carrière plutôt que les 25 meilleures années ou les six derniers mois pour la fonction publique et la fin de l’âge de départ à taux plein ;
- la mise en place d’un âge « pivot » fixé (pour commencer) à 64 ans, qui implique donc un allongement de la durée de cotisations et/ou la baisse de la pension par l’application d’une brutale décote si on part avant (et s’ajoutera à la décote si on manque de trimestres). Cette mesure serait mise en place progressivement dès 2022, et concerna donc les générations nées après 1959 ;
- les bonifications dont bénéficient les femmes ayant élevé des enfants seront sérieusement rabotées (pour une retraite à 1000 euros, le supplément serait de 50 euros pour le premier enfant et 20 euros pour les suivants…) ;
- la jeunesse est sacrifiée puisque le nouveau système s’appliquerait intégralement aux jeunes de 18 ans dès 2022.
Quant à la garantie de la valeur du point annoncée par le premier ministre, c’est un jeu de dupes, puisque les ressources du système seront plafonnées à 14% du PIB alors que la proportion de retraité-e-s va augmenter. Les pensions baisseront donc d’une manière ou d’une autre !
Tous les salarié-e-s du public et du privé vont donc pâtir de cette réforme, alors que les moyens existent pour garantir et améliorer les régimes de retraites actuels si l’on en a la volonté politique : en finir avec les exonérations de cotisations patronales et les augmenter, par exemple.
Le gouvernement et son projet sont minoritaires dans la population et avec l’instauration d’un âge pivot à 64 ans. Il vient de se mettre à dos l’ensemble des syndicats du pays qui appellent à descendre dans a rue mardi prochain. Seul le président du MEDEF s’est satisfait des annonces du premier ministre !
Le 5 décembre, la grève a été historique dans les transports, l’éducation mais aussi dans nos services. Le 10 décembre à nouveau des centaines de milliers de salarié-e-s ont manifesté contre le projet. La grève s’est étendue aux raffineries, ports et docks, dans le secteur de l’énergie. Les cheminot-e-s annoncent qu’il n’y aura pas de trêve pour noël. Nous pouvons obtenir le retrait pur et simple du projet si la mobilisation s’amplifie dans les jours qui viennent.
Nous appelons donc les agent-e-s à poursuivre le mouvement de grève initié depuis le 5 décembre, à se réunir partout en assemblée générale dans l’unité pour organiser la riposte, à participer aux actions et manifestations prévues aujourd’hui jeudi 12 décembre et à être encore plus nombreuses et nombreux en grève et en manifestation le 17 décembre, prochaine journée de manifestation nationale.
Nos revendications :
- retrait de la réforme des retraites, maintien et amélioration de tous les régimes existants pour un départ à taux plein, avec 100% du meilleur salaire, à 60 ans et 55 ans pour les métiers pénibles, sans pénalisation des interruptions de carrière et des temps partiels contraints ;
- dégel du point d’indice, rattrapage des pertes subies, intégration des primes au traitement ;
- arrêts des suppressions d’effectifs, plan de recrutement pour pourvoir les postes vacants ;
- dans le cadre de l’OTE : aucune mobilité forcée, droit au retour sur un poste garanti au ministère du travail ;
- halte à la caporalisation de l’inspection du travail, à la course aux chiffres, aux sanctions ;
- passage immédiat des CT en IT qui le souhaitent et plan de requalification de C en B.