Dans un mail du 12 septembre 2019, Laurent Vilboeuf, DGT adjoint, a demandé à l’ensemble des DIRECCTE de « faire remonter la liste des agents qui ne saisissent pas leur activité dans Wiki’t pour le 31 octobre 2019 au plus tard », ceci afin de « déterminer les mesures les plus appropriées » pour atteindre l’objectif d’une saisie intégrale de l’activité avant la fin de l’année.
Autrement dit, la DGT demande à l’encadrement de constituer un fichier nominatif des agent·es considéré·es comme récalcitrant·es ! Pas sûr que ce nouveau fichier soit conforme au RGPD…
La délibération du 6 octobre 2015 de la CNIL, autorisant la mise en place de Wiki’t, indiquait pourtant, suite aux affirmations de la DGT : «La Commission relève que le suivi de l’activité sera fait sous formes de statistiques agrégées ne permettant pas d’identifier les personnes et prend acte du fait que le présent traitement n’a pas pour finalité le contrôle individuel des agents ».
En plus d’être dégueulasse, le fichage que souhaite mettre en place la DGT est donc illégal et piétine les engagements pris devant la CNIL et les agent·es, engagements que la CNIL a déjà dû rappeler à l’administration lorsque certain·es RUD zélé·es demandaient aux collègues de se présenter à leur entretien d’évaluation avec leur CREMA extrait de Wiki’t.
Le but de ces méthodes rances n’est certainement pas de « garantir une image fidèle de l’activité de nos services » comme l’affirme M. Vilboeuf. Nous connaissons en effet toutes et tous des incitations et pressions à gonfler les chiffres, qui ont d’ailleurs été épinglées par le CNIT dans son avis du 17 avril 2019. L’objectif du ministère est bien au contraire de masquer la situation de l’inspection du travail, qui subit des coupes drastiques dans ses effectifs, en noyant la presse et le public sous des chiffres qui n’ont que peu de rapport avec les contrôles réellement menés. Comment comprendre sinon que Mme Pénicaud affirme à qui veut l’entendre que les objectifs sont atteints, tandis qu’en interne les agent·es se font traiter de bon·nes à rien dans une lettre de douze pages du DGT et que la hiérarchie reçoit régulièrement des oukases lui intimant de mettre les bouchées doubles…
Où le ministère s’arrêtera-t-il ? Après le fichier des agent·es qui ne saisissent pas Wiki’t, aura-t-on un fichier des agent·es qui ne saisissent pas assez, ou pas assez bien ? Puis un fichier des agent·es qui ne remplissent pas suffisamment les plans d’actions ? Et au bout du compte des dizaines ou des centaines de procédures disciplinaires ?
Cette politique est absurde, elle est nocive pour les agent·es qui sont incité·es à faire du sale boulot, nocive pour les usager·es dont les demandes passent au second plan, nocive y compris pour l’encadrement intermédiaire chargé de la délation. Cette politique doit s’arrêt maintenant, les chiffres bidouillés ne remplaceront jamais les recrutements qui font cruellement défaut.
La CGT-TEFP exige le retrait de l’instruction du DGT adjoint.
Elle demande aux DIRECCTE, aux RUD, aux RUC de refuser cet appel à la délation.