Wiki’t : 4 ans et 12,4 millions d’euros plus tard : c’est toujours un échec

En octobre 2015, le CHSCT ministériel émettait un avis défavorable sur l’application WIKI’T dans nos services compte tenu, notamment, des conclusions du rapport d’expertise et des remontées des collègues des UD tests. Cette expertise concluait « ce projet et sa conduite portent des facteurs de risques psychosociaux et constituent un terreau propice à l’émergence de troubles ou manifestations de ces risques ».

En dépit de cet avis, le déploiement de l’outil WIKI’T a eu lieu et depuis, malgré les nombreuses alertes en instances, les nombreux tracts et lettres ouvertes, la direction continue d’imposer aux agent·es l’utilisation de cet outil.

Depuis 4 ans, partout dans les UD, les agent·es rencontrent de grandes difficultés dans l’utilisation de WIKI’T au jour le jour. La hiérarchie n’ignore rien des problèmes qui surviennent : outil déconnecté des besoins réels des agent·es dans leurs missions de contrôle, peu ergonomique, générateur de surcharge de travail, dépourvu de toute logique …

Les utilisateur·rices sont atterré·es par les dysfonctionnements récurrents sur un outil qui, après ces années d’utilisation, s’est avéré inutile pour les missions et qui dégrade fortement les conditions de travail.

Mais peu importe à notre hiérarchie que les secrétaires et agent·es de contrôle perdent un temps fou à remplir les informations demandées par les multiples fenêtres du logiciel ou à adapter des courriers types qui n’ont même pas la bonne entête de ministère, puisque leur principal objectif est l’aspect quantitatif.

En effet, contrairement à ce qui avait été soutenu par M. Sapin puis par Mme El Khomri, WIKI’T donne bien accès aux chiffres des actions individuelles de chaque agent et permet d’en extraire des statistiques individuelles.

Même le Sénat, dont chacun appréciera le progressisme, s’interroge dans son rapport « L’inspection du travail, un modèle à renforcer ? » du 25 septembre 2019 sur l’utilité et l’utilisation de WIKI’T :

« La fixation d’objectifs chiffrés présente, en outre, le risque de déboucher sur une vision quantitative de l’activité de l’inspection du travail, au détriment d’un travail de prévention, forcément moins visible. […] L’exploitation statistique des interventions ne doit pas se faire au détriment d’un travail de prévention. L’inspection du travail ne saurait s’éloigner de sa triple mission d’écoute, de conseil et d’accompagnement que ne peuvent qu’imparfaitement refléter des indicateurs de performance. »

Et plus loin : « Les rapporteurs spéciaux souhaitent pourtant que soit clarifiée la méthodologie utilisée pour le logiciel WIKI’T et s’assurer qu’il reflète le plus fidèlement possible la réalité de l’activité de contrôle (voir l’avis du CNIT du 17 décembre 2019). L’absence d’une telle méthodologie fragilise tout à la fois la qualité des données transmises à l’OIT mais aussi les indicateurs contenus dans les rapports transmis au parlement. »

Alors même qu’en Ile de France nos services sont désertés, que les intérims et les suppléances s’accumulent, que les agent·es en sont réduits aux pires extrémités pour faire entendre leur détresse et que le mépris de notre hiérarchie est chaque jour plus flagrant, la direction décide de serrer encore la vis et de contraindre des agent·es déjà en surcharge de travail de perdre leur temps à alimenter leur logiciel défaillant.

Le DGT adjoint, M. Vilboeuf, demande le flicage des mauvais élèves dans son mail du 13 septembre 2019 (transmis par notre organisation syndicale à tous les agent·es) : établir un fichier des agent·es qui refusent d’utiliser cet outil et le faire remonter à la DGT pour « déterminer les mesures les plus appropriées ».

Pour préserver leur santé et pouvoir continuer à exercer leurs missions, de nombreux·ses agent·es ont décidé dans plusieurs régions et départements de ne pas utiliser WIKI’T tant que l’outil ne sera pas remplacé par un logiciel simple, ergonomique et rapide d’utilisation.

 Nous soutenons l’action de ces agent·es.

Nous réitérons également notre revendication d’un outil conçu avec les agents, pour les agent·es et au service des missions.

Nous exigeons le retrait de l’instruction du DGT adjoint.