Exposition passive à l’amiante dans nos locaux de travail : il faut en finir !

La liste inquiétante des situations d’exposition passive à l’amiante au sein du ministère du travail ne cesse de s’allonger…

Après Paris (site d’Albert) et le site de Compiègne il y a quelques années, ce sont aujourd’hui les agent.e.s travaillant au sein de la Tour Bretagne à Nantes, de l’Unité départementale de Saint-Brieuc et de la cité administrative de Rouen, qui ont été ou sont exposé.e.s à des matériaux amiantés dégradés et à un risque d’inhalation de fibres d’amiante.

Malheureusement, on ne connait que trop les conséquences sur la santé de l’exposition aux fibres d’amiante, qui est un puissant cancérogène sans seuil, c’est-à-dire que l’inhalation d’une seule fibre peut engendrer une pathologie mortelle vingt ou trente ans après.

On en a d’ailleurs eu tristement la confirmation avec le récent décès d’un collègue du Mans, en retraite anticipée des malades de l’amiante suite à son exposition à des poussières d’amiante présentes dans le flocage de la DDTEFP.

Force est de constater que l’Etat et notre Ministère n’ont pas encore tiré les enseignements de la catastrophe sanitaire de l’amiante dont le rapport du Sénat indiquait en 2005 que la fibre tueuse serait responsable de « 50.000 à 100.000 morts au cours des vingt prochaines années ».

Des réactions de l’administration, dictées par l’urgence et les coûts budgétaires…

Ces situations d’expositions passives à l’amiante ont souvent été découvertes, par hasard, à défaut de repérages lors d’une réelle évaluation des risques d’exposition en amont, lors de la réalisation de travaux dans les locaux de travail, amenant l’Administration à les gérer dans l’urgence, et, suivant les sites, de manière fort différente.

Sur certains sites, les syndicats, avec les agent.e.s, ont dû et doivent encore batailler pour que le risque d’exposition soit reconnu et pris en compte par l’Administration (notamment l’autorité préfectorale) et que de réelles mesures de prévention soient mises en place. Ainsi, pour prévenir le risque d’exposition à des joints de fenêtres amiantés dégradés, le DIRECCTE de Normandie s’est limité pour le moment à la consigne difficilement applicable de ne pas ouvrir ou toucher les fenêtres.

Sur d’autres sites, le risque d’exposition n’a pas été contesté et a conduit à l’évacuation des agent.es – la seule mesure de prévention acceptable pour notre syndicat – posant cependant, à défaut d’engager rapidement des travaux, de sérieux problèmes en termes de fonctionnement du service public et de conditions de travail des agent.e.s.

C’est actuellement le cas des agent.e.s de Saint-Brieuc, forcé.e.s de travailler depuis plusieurs mois depuis leur domicile, sans bénéficier d’aucun remboursement de frais pour ce travail à domicile (indemnité d’occupation, frais d’électricité, de chauffage, d’imprimante…), mais qui viennent d’obtenir, après plusieurs mois de tergiversations, que des travaux de recouvrement des mastics de vitrage par des joints en silicone (avec aspiration des fenêtres et retrait des stores) soient réalisés sur l’un des niveaux du bâtiment, dans l’attente d’un relogement définitif en 2019.

A Nantes, l’administration a fini par reconnaître que les travaux de désamiantage ne pourraient avoir lieu en site occupé mais du coup nos collègues continuent pour le moment à occuper une tour qui met en danger leur santé et celles des usagers.

…bien loin d’une politique de prévention des risques pourtant indispensable

Face à la multiplication de ces situations, nous demandons que le Ministère mette en place une réelle politique de prévention de ce risque d’exposition passive à l’amiante.

Ainsi que notre syndicat l’a rappelé, à maintes reprises, en CHSCT Ministériel, et plus particulièrement lors du vote d’une expertise sur cette question, à laquelle nous avons été à l’initiative au mois de juillet 2017 (expertise qui a été refusée par la suite par la DRH nationale), le Ministère du travail ne peut se contenter de la publication d’un guide de prévention sur l’amiante pour satisfaire à ses obligations sur le plan de la prévention.

Nous exigeons que des mesures immédiates soient prises afin de :

  •  soustraire l’ensemble des agent.e.s exposé.e.s au risque d’inhalation de fibres d’amiante en l’attente des travaux de retrait ou de recouvrement, et d’établir les fiches d’expositions nécessaires ;
  • procéder ou faire procéder au recensement de l’ensemble des documents existants (DTA, DAT, fiches d’exposition passive, …) pour l’ensemble des locaux de travail occupés par des agent.es du Ministère du travail et porter un regard qualitatif sur ces documents après visite d’une partie des locaux de travail concernés en lien avec les membres du CHSCTM et des CHSCTR concernés ; faire compléter les repérages incomplets ; mettre en œuvre une signalétique adaptée pour informer agent.es et usagers ;
  • consulter les CHSCT sur les mesures de prévention du risque amiante pour les sites concernés avec un focus spécifique pour les bâtiments partagés : existence ou non et qualité des plans de prévention inter-administration ou administration ; gestion des interventions sur des matériaux, des équipements, des matériels ou des articles susceptibles de provoquer l’émission de fibres d’amiante ; gestion des activités de retrait ou d’encapsulage d’amiante.

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