Amiante dans la Tour Bretagne à Nantes : risque amiante ou risque incendie il ne faut pas choisir mais agir, il est urgent de reloger les agents ! (communiqué CGT-SUD-SNUTEFE)

Plus on cherche d’amiante à la Tour de Bretagne et plus on en trouve. Pourtant le ministère du travail persiste à ne pas vouloir reloger son personnel.

Les nouveaux repérages effectués récemment concluent à la présence de  nouveaux matériaux amiantés dégradés nécessitant des travaux de protection. Ils démontrent que le personnel et nos syndicats avaient raison de s’inquiéter et de demander une expertise CHSCT sur le sujet ainsi qu’un diagnostic plus fiable. Par voie de conséquence, les travaux de désamiantage prévus sur les clapets coupe-feu sont reportés alors qu’il y a urgence à les remplacer compte tenu de leur état de dégradation.

Désormais, le choix se resserre entre deux hypothèses : effectuer a minima des travaux en site non occupé, c’est-à-dire avec un relogement temporaire, ou restructurer entièrement la Tour. C’est ce qu’explique le Directeur régional des services du ministère du travail (DIRECCTE) dans un message adressé au personnel le 26 janvier 2018. C’est la reconnaissance qu’une mauvaise maîtrise des travaux risquerait de conduire à des émissions de fibres d’amiante dans toute la tour.

La DRH du ministère du travail, qui a mis plus de 5 mois pour répondre à la demande de rencontre faite par nos syndicats, l’admet également – de même qu’elle reconnaît ne pas respecter la réglementation liée à la co-activité de plusieurs entreprises intervenantes sur le site, ce qui est source de risques supplémentaires.

Que de temps perdu ! Nous l’avions dit et réclamé dès le début de l’été 2017. Les recommandations de l’Inspecteur Santé Sécurité au travail de l’IGAS remises le 19 décembre 2017 invitaient la DIRECCTE à revenir à sa position initiale, et donc à reloger ses agents dans l’attente des travaux nécessaires. Aujourd’hui les agents occupant la Tour de Bretagne apprennent que la situation est pire que prévue. Ils sont purement laissés sans perspective d’amélioration de leur sécurité et santé au travail avec un risque réel et non maitrisé d’expositions à la fibre tueuse !

La direction a ordonné au personnel de regagner les locaux en août 2017, après l’exercice d’un droit de retrait légitime, en arguant de mesurages d’air considérés comme « conformes ». Mais conforme à quelle règle ? Il n’y a pas de seuil d’exposition passive aux fibres d’amiante pour les salariés et agents publics. Les occupants de la Tour ne peuvent être soumis à une quelconque valeur limite d’exposition professionnelle. Il n’existe aucun droit à exposer à l’amiante sachant qu’une exposition même minime peut engendrer une maladie professionnelle à long terme.

Les agents ne disposent d’aucune mesure de protection actuellement. Le ministère du travail n’ignore pas que les mesurages ne sont pas une mesure de protection puisque les résultats interviennent dans les 24 ou 48 heures suivantes. Ils tracent seulement une potentielle exposition à l’amiante sous réserve qu’ils soient correctement réalisés.

Pire, la direction place agents et usagers dans un dilemme « risque amiante ou risque incendie » en annonçant que 20% des volets coupe-feu devront être actionnés cette année dans le cadre d’essais incendie obligatoires. Actionner, c’est disperser de nouvelles fibres ; ne pas actionner c’est compromettre la sécurité incendie du bâtiment… l’équation est insoluble !

Le ministère du travail est parfaitement au fait de la dangerosité de l’amiante et des risques incendie puisqu’il est censé assurer la protection des salarié.es. Il est parfaitement au fait des principes généraux de prévention dont le premier est d’éviter le risque. Mais il s’obstine à mettre en danger la santé de ses propres agent.es et des usagers accueillis par nos services et continue à refuser d’établir des fiches individuelles d’exposition – et pour cause, ce serait reconnaître sa responsabilité en tant qu’employeur public et copropriétaire.

Le ministère du travail fait moins bien que la direction générale des Finances publiques qui vient de demander un relogement de ses services présents dans la Tour dans les meilleurs délais avant les travaux !

Nos organisations syndicales demandent urgemment des mesures de protection des agent.es.

Un relogement des agents doit être mis en œuvre immédiatement sans attendre une hypothétique date de démarrage des travaux de traitement des sources de pollution.

Nous soutiendrons toutes les actions permettant aux agent.es de préserver leur santé au travail.

Le 5 février 2018

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